Toujours envie d'être corporate ?
L’évolution de la population cadre, au cours des dernières décennies, nous éclaire sur la réalité actuelle de son périmètre. Depuis l’origine et jusqu’à la fin de la grande période taylorienne, les cadres constituaient un ensemble restreint, détenteur de savoir, de responsabilité et de pouvoir qui, bien que salariés, était partie intégrante des dirigeants. Aujourd’hui, la réalité de la population cadre n’est plus réduite aux seuls encadrants.
Cette mutation professionnelle et sociologique a provoqué une rupture dans leurs aspirations avec l’émergence d’un fort besoin de reconnaissance de la qualification, de respect de l’équilibre vie privée, vie professionnelle, d’exigence pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
En effet, le mouvement de financiarisation des entreprises accompagné par la mise en place d’un Wall Street Management, basé avant tout sur la recherche du profit à court terme, a percuté leur rôle dans l’entreprise. Ils n’ont désormais plus aucune visibilité, ne sont plus associés aux stratégies de l’entreprise qu’ils sont contraints de mettre en œuvre. Des injonctions, souvent contradictoires, ébranlent leur éthique professionnelle et citoyenne. Leurs responsabilités se sont multipliées et les exposent à la justice. Ils subissent ce management coercitif sans pouvoir exprimer leur désaccord car ils restent soumis au devoir de loyauté. Ils ne sont donc pas des dirigeants comme les autres même s’ils en ont les capacités, mais ne disposent pas des marges de manœuvre nécessaires. Leur rôle contributif a été confisqué.
Privés de leur mot à dire, ils se ressentent comme des exécutants au même titre que l’ensemble du salariat, tout en étant en position de responsabilités dont ils peuvent être potentiellement justiciables.
C’est pourquoi la redéfinition du statut cadre, de ses droits et devoirs associés, pleinement d’actualité, devra leur permettre d’exercer pleinement leurs qualifications et leurs responsabilités.
L’enjeu pour les cadres est de restaurer leur rôle contributif et la reconnaissance de leur qualification. L’enjeu pour l’ensemble du salariat réside dans la transformation des rapports sociaux dans l’entreprise : leur utilité par rapport au collectif de travail ; la reconnaissance de leurs qualifications pour tirer vers le haut l’ensemble des grilles salariales.
Enfin pour l’entreprise, l’enjeu est que les cadres, toujours motivés par le sens de leur travail, puissent se remobiliser aussi dans l’entreprise, développer la qualité du travail, élément majeur de la compétitivité globale de l’entreprise, contrairement à la réduction du prix du travail lié au numérique, alors que les qualifications ne cessent d’augmenter.
Le 9 février dernier, le rapport parlementaire de Gérard Sébaoun et Yves Censi sur « L’épuisement professionnel ou burn out : une réalité en manque de reconnaissance » a été rendu public. La CGT des ingés, cadres et tech salue un rapport sérieux et documenté qui permet enfin d’avancer des propositions pour la reconnaissance des maladies psychiques professionnelles.
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